Un capitaine des sapeurs-pompiers marnais lave son honneur au tribunal

Publié le 11 juillet 2017

Le pompier était poursuivi pour abus de confiance. Un dossier sur fond de conflit avec son colonel.

 


Le capitaine mis en cause n’a plus aucune attribution dans l’organigramme des pompiers.

La pratique était connue et habituelle, dans la Marne comme un peu partout en France : un capitaine des sapeurs-pompiers utilisait une carte de paiement professionnelle Total pour régler les frais d’essence liés à l’activité de l’Amicale des pompiers et ses différentes compétitions sportives, ou de représentation. Des faits connus de tous et acceptés… jusqu’à ce que l’officier se dresse contre son supérieur, le colonel à la tête du Service départemental d’incendie et de secours.

Jusqu’en 2013, l’ancien chef de centre de Reims-Witry était dans les petits papiers de son patron. Ce pompier exemplaire est même nommé chef du groupement territorial, « numéro trois » des soldats du feu dans la Marne, « alors qu’il n’a même pas le grade requis », vient expliquer le représentant du personnel à la barre du tribunal correctionnel de Châlons-en-Champagne. Mais quand, via ses mandats syndicaux, il décide, fin 2013, de venir en aide à un collègue qui se dit victime de harcèlement moral, tout dérape. Le capitaine est remplacé, et «mis au placard » raconte-t-il.

Une douloureuse «mise au placard»
Il sort de l’organigramme des pompiers, est affecté à un atelier où il n’a « même pas d’outil pour travailler », raconte-t-il. Un soir, alors qu’il « travaille » à Fagnières au Centre opérationnel d’incendie et de secours (Codis), on lui supprime son véhicule de fonction : « J’ai emprunté le vélo d’un collègue pour rentrer à Reims », témoigne-t-il, refusant de craquer.
En 2015, le colonel finit toutefois par envoyer un courrier au parquet de Reims, pour dénoncer un abus de confiance commis par son capitaine : les fameux déplacements de l’Amicale.
Certaines utilisations de la carte, qui lui est attribuée par son grade et sa fonction, ont même lieu pendant ses vacances. Mais le capitaine n’est pas parti, avec la fameuse carte Total, sur la Côte d’Azur. Il est en Guadeloupe : « Lorsque l’on part, on laisse le véhicule avec ses clefs et la carte sur le pare-soleil, et il n’y a qu’un seul code pour tout le département », explique-t-il. Le représentant du personnel confirme : le véhicule attribué à un chef de centre peut régulièrement être utilisé par ses subalternes en son absence… Pendant plusieurs mois, l’officier dit être convoqué de façon régulière « toutes les deux semaines, pour me faire avouer un abus ». Il en vient à demander un conseil de discipline à son égard. Le 18 avril 2016, alors que le colonel demandait deux ans de mise à pied, son capitaine écope de quinze jours pour « l’insubordination » que représente sa demande mais est blanchi sur le fond. La dénonciation à son égard se transforme en plainte avec constitution de partie civile (on lui réclame près de 10 000 euros).

Le tribunal prononce la relaxe
« En clin d’oeil à l’audience, le colonel était aujourd’hui à une remise de chèque de l’Amicale de sapeurs-pompiers à une association caritative », n’a pas manqué de relever Me Benkoussa, un brin cynique.
Alors que le parquet avait requis une amende avec sursis, voire une dispense de peine, le soldat du feu a finalement été relaxé et ne remboursera rien.