Le cabinet d'avocats ACG, une affaire à suivre depuis 40 ans à Reims et à Châlons

Fondé à Châlons en 1985 par Gérard Chemla et Michel Auguet, ACG compte aujourd'hui cinq cabinets, 35 salariés et 34 avocats, dont deux tiers sont associés. Une rareté dans le milieu et un gage de réussite.
Les disparus de Mourmelon, l'affaire Fourniret, le tsunami de 2004, les attentats du 13 novembre 2015… Tout au long de sa carrière, l’avocat marnais Gérard Chemla a défendu des victimes dans des affaires retentissantes, mais le natif de Montmirail est loin d’imaginer une telle carrière, en 1979, lorsqu’il sort de la faculté de droit de Reims et prête serment à seulement 21 ans.
« À l’époque, il valait mieux être « fils de » pour trouver une place dans un cabinet d'avocat, c'était très difficile de faire son trou », se souvient-il. Faute de stage à Reims, il s’installe à Châlons, aux côtés d’un confrère de promotion, Michel Auguet, en 1981. « On n’avait pas vraiment d’objectif, on était tout petit. Et puis, on s’est associé avec un avocat un peu plus ancien, le 1er janvier 1985. » L’aventure ACG vient de naître.
TOUS LES DOSSIERS SONT NUMÉRISÉS DÈS 1995
Selon Gérard Chemla, le succès du cabinet trouve ses origines dans ses principes fondateurs : « On a l’idée qu’il faut se spécialiser dans certains domaines, alors que ça n’existait pas à l’époque. Et puis, on a choisi de gagner peu, mais de partager et constituer un groupe solide. Les Hommes avant l’argent. » Autre choix fort : l’innovation. Dès 1985, ACG s’équipe d’un ordinateur à disquettes et d’une imprimante à marguerite. « On a fait un emprunt sur cinq ans pour payer ce premier Macintosh », s’amuse aujourd’hui Gérard Chemla. Puis, le cabinet commence à numériser ses dossiers dès le milieu des années 1990, bien avant tout le monde. Une longueur d’avance qui lui permet d’affronter la crise du covid 25 ans plus tard : tout est déjà en place pour travailler à distance.
Les années passent, le cabinet s’étend à Reims, Troyes, puis en région parisienne. Aujourd’hui, ACG compte 34 avocats et 35 salariés qui assistent les juristes, ainsi déchargés des tâches subalternes. Un fonctionnement nécessaire pour traiter un nombre important de dossiers, du plus discret au plus médiatisé. Si ACG s’est fait connaître par de grandes affaires pénales, le cœur de son activité reste un accompagnement quotidien. « Ça a permis de mettre en lumière le cabinet et favoriser des recrutements, mais le fond du travail reste les dossiers normaux et discrets. On traite 2 500 dossiers par an, certains prennent un an, d’autres quelques heures », résume Gérard Chemla. En parallèle, chaque nouveau collaborateur est encouragé à devenir associé, « sous trois à cinq ans, pour qu’il s’intègre au groupe et y voit son avenir », vante le juriste marnais. Résultat : 23 des 34 avocats d’ACG sont aujourd’hui associés, une rareté dans le domaine.
Aurore Van Hove peut en témoigner. En 2020, Gérard Chemla, conscient qu’il faut préparer l’avenir, engage une transition unique : tous les associés deviennent actionnaires à égalité. Puis, en 2023, il cède la présidence à Aurore Van Hove, « pur produit ACG », recrutée comme collaboratrice à mi-temps quinze ans plus tôt. Aude Galland, arrivée au cabinet un an après celle-ci, devient directrice générale. « Nous avons eu la confiance des associés et des fondateurs qui ont véritablement passé la main, raconte la nouvelle patronne d’ACG. C’est assez moderne, car un cabinet comme le nôtre aurait pu confier les rênes aux plus anciens. On nous laisse faire et c’est très important. » La recette de 40 nouvelles années de réussites ?
Simon Ksiazenicki, L'Hebdo du vendredi.