Affaire Sylvain Dromard : a-t-il tué sa femme avec l'aide de son amante ?

Publié le 29 novembre 2023
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Me Gérard Chemla, avocat pénaliste au barreau de Reims, était l'invité de l'Heure du crime sur RTL pour revenir sur l'affaire Sylvain Dromard

Jean-Alphonse Richard Sara Kemacha - RTL.fr

À l’été 2010, Sylvain Dromard, un patron de menuiserie, retrouve sa femme gisant dans un bain de sang sur le carrelage de leur maison. Le médecin appelé d’urgence par le mari n’a pas réussi à la réanimer. Laurence Dromard, 43 ans est décédée. "Il y avait du sang du sol au plafond", raconte Céline Nicloux, morphoanalyste des traces de sang au sein de l’IRCGN (Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale) et invitée de L'Heure du Crime.

Sylvain Dromard affirme aux gendarmes qu’il s’agit d’un cambriolage ayant mal tourné. Les experts sont perplexes. Les légistes dénombrent une dizaine de coups portés sur le crâne et au visage.

Un mois plus tard, la section de recherche fait appel à une profileuse. Selon elle, l’agresseur était seul et avait pour intention première de frapper violemment la victime. Cette dernière s’étonne donc que le mari, en appelant les secours, a tout d'abord évoqué le cambriolage avant de parler de son épouse.

Des amants suspects

Sylvain Dromard a souvent trompé son épouse, mais cette dernière cautionnait totalement. Il avoue librement aux enquêteurs qu’il quittait souvent le domicile conjugal pour aller voir sa dernière maîtresse, Murielle Bonin.

Quatre mois après le crime, la maîtresse, placée sur écoutes, appelle sa sœur et lui confie que Sylvain a tué sa femme. Les amants sont placés en garde à vue. "Face aux enquêteurs, Dromard continue de se dire innocent et répond à toutes les questions. Elle, en revanche, se fait très discrète et se sent sous pression", souligne Gérard Chemla, avocat de la fille aînée de Sylvain Dromard et invité de L'Heure du Crime. Après 46 heures, l’amante désigne officiellement le veuf comme étant le meurtrier. Ce dernier lui aurait tout raconté il y a quelques semaines, lors d'un dîner.

Sylvain Dromard continue de tout nier, et accuse à son tour Murielle Bonin. Les amants sont mis en examen pour assassinat et complicité, les enquêteurs sont convaincus qu'ils ont agi à deux. "Il y a deux options, soit elle était présente sur place, soit il lui a raconté avec une extrême précision les faits", ajoute Me Gérard Chemla. 

Deux morts, zéro réponse

Six ans après les faits, Sylvain et Murielle comparaissent devant la Cour d’assises de la Marne. L'accusation s'en tient à un pacte criminel et machiavélique, une "relation pathogène". Le mari a tué et la maîtresse a, a minima, a élaboré et encouragé l'opération. Le 2 juillet 2016, Sylvain Dromard écope de 30 ans de prison et 18 ans pour Murielle Bonin.

Les amants font appel et sont rejugés un an plus tard. Sylvain Dromard est à nouveau condamné à 30 ans. Murielle Bonin, elle est acquittée. "Elle est libre grâce à lui, car il a perdu en crédibilité", affirme Me Gérard Chemla. Après six mois passés en prison, Dromard se suicide d’une surdose de médicaments. 

Nos invités

- Céline Nicloux, morphoanalyste des traces de sang au sein de l’IRCGN (Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale). Seule femme experte en morphoanalyse en France. Co-auteure avec Peggy Allimann du livre Crimes. Psychocriminologie et morphoanalyse des traces de sang, publié aux éditions Dark Side.
- Me Gérard Chemla, avocat de la fille aînée de Sylvain Dromard.

 

Gérard CHEMLA, avocat rémois réputé en matière pénale des victimes
Gérard CHEMLA
Avocat associé