Dépouillé de 20 000 euros dans le hall de son immeuble, boulevard de la Paix à Reims

Publié le 03 juin 2025
L'Union
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Un Rémois pensait pouvoir faire confiance aux intermédiaires qu’il avait sollicités pour faire parvenir de l’argent à sa mère en Algérie : ces derniers l’ont agressé et lui ont volé 20 000 euros.

Il avait 20 000 euros en espèces dans la poche de son blouson. Deux hommes l’ont agressé dans le hall de son immeuble, boulevard de la Paix, pour les lui voler. Une somme importante, alors pour dissiper tout doute, le président du tribunal indique en préambule, « la victime justifie de ses revenus ». Dit autrement, rien d’illégal. Lui et son frère avaient mis de l’argent de côté et cherchaient un moyen de le faire parvenir à leur mère pour l’aider à faire construire une maison en Algérie. Le problème, c’est qu’il n’y a pas de société de transfert entre les deux pays. Il serait donc courant d’avoir recours à des intermédiaires. Le premier réceptionne l’argent en France et en avise en temps réel le second, en Algérie, qui remet la somme au destinataire.

« Mon client pensait avoir pris toutes les précautions nécessaires à sa sécurité, insiste Maître Pauline Manesse-Chemla. Il avait refusé que la transaction se déroule dans un garage en région parisienne, préférant qu’elle ait lieu dans son immeuble. Il pensait ne courir aucun danger. Au lieu de ça, il a subi une agression violente, terrifiante, dont il ne se remet pas deux ans après les faits. Il souffre toujours d’un stress post-traumatique important. »

La victime raconte que « l’un des hommes voulait compter l’argent, je lui ai demandé d’attendre que mon frère soit avec son contact en Algérie ». C’est alors qu’il fait entrer son complice dans l’immeuble puis le frappe, tente de l’étrangler puis lui dérobe la liasse de billets. La victime parvient à se dégager en mordant fortement l’un de ses agresseurs au doigt.

Les enquêteurs identifient les deux hommes, déjà condamnés ensemble dans une autre affaire d’extorsion. Walid Gabsi a laissé son sang sur la chemise de la victime, Adiatou-Nil Gradel a loué la voiture avec laquelle ils sont venus à Reims. Ce dernier, bien que reconnu par la victime, conteste avoir participé à cette agression. « J’ai prêté cette voiture en échange d’un peu d’argent, je ne savais pas ce qu’il comptait faire avec. J’avais laissé mon téléphone à l’intérieur, c’est pour ça qu’il borne à Reims au moment des faits. »

Walid Gabsi confirme pour sa part son implication. « Je m’excuse du fond du cœur. J’étais en galère, je devais toucher 5 000 euros. Si je l’ai fait, c’est parce qu’on m’a vendu ça comme de l’argent illégal qu’il voulait blanchir. Si on m’avait dit que c’était pour sa mère, je n’aurais jamais accepté, je respecte ça. À l’époque, je pensais qu’on était un homme quand on dealait, quand on volait. Je me trompais. Aujourd’hui, je suis un homme car je travaille, je fais le bien autour de moi. Tout ce que j’ai fait, je le regrette, c’est derrière moi maintenant. Ce ne sont pas les peines de prison qui m’ont fait changer, j’ai grandi en voyant la peine que j’avais fait à ma mère. » 

Un plaidoyer qui lui a évité, ainsi qu’à son comparse, les 18 mois d’emprisonnement assortis d’un mandat de dépôt à l’audience demandés par le substitut du procureur : les deux hommes ont été condamnés à 24 mois d’emprisonnement dont 15 mois avec sursis probatoire pendant deux ans. Tous les deux ont l’interdiction de porter une arme pendant 5 ans et devront solidairement indemniser la victime pour son préjudice matériel, les 20 000 euros qui lui ont été dérobés, et 3 000 euros de plus pour son préjudice moral.

Par Lucie Lefebvre, L'Union

Pauline MANESSE-CHEMLA, avocate pour les victimes
Pauline MANESSE-CHEMLA
Avocat associé