Harcèlement scolaire : « L’efficacité de cette lutte repose sur la mobilisation de tous les acteurs de terrain »

Le mardi 27 mai 2025, l’avocate pénaliste rémoise Pauline Manesse-Chemla interviendra lors des Rencontres rémoises du droit de la victime orchestrées à Sciences Po Reims. Une journée d’échanges dédiée au harcèlement scolaire.
Vous êtes-vous toujours engagée du côté des victimes ? Pourquoi ce choix de carrière ?
Oui je me suis engagée depuis très longtemps du côté des victimes, ce qui m’a d’ailleurs permis d’obtenir du Conseil national des barreaux la spécialisation en droit pénal et la qualification spécifique en droit des victimes, adultes et enfants. J’ai notamment défendu des victimes de catastrophes (mon premier dossier était l’effondrement de la passerelle du Queen Mary II), d’attentats (du Musée du Bardo à Tunis et de Nice notamment), d’homicides, d’abus sexuels, de harcèlement… Depuis 3 ans, j’ai décidé de m’impliquer encore plus, en proposant des consultations gratuites à la Maison des femmes de Reims le vendredi. J’ai toujours voulu offrir aux victimes une défense, active et combative, qui leur permette de comprendre et de mieux aborder les étapes de la procédure pénale et d’y trouver leur place. Devenir acteur pour ne plus subir, c’est ce que j’explique aux victimes.
Que voulez-vous apporter, et à qui lors de ces discussions dans le cadre des Rencontres rémoises ?
Il est question de rencontres, c’est-à-dire de regards croisés d’experts sur des sujets de société intéressant les victimes. Avec France Victimes Le Mars 51, et Sophie Bracquemart (reporter à L’union), nous avons voulu créer un événement centré sur la victime, ses droits et sa prise en charge, et inviter tous ceux qui se sentent concernés ou qui sont simplement intéressés par le sujet, à réfléchir ensemble, le temps d’une journée, aux pistes d’amélioration des dispositifs.
En 2024, la discussion portait sur les violences conjugales. Aujourd’hui, vous sensibilisez contre le harcèlement scolaire. Avez-vous une idée de la thématique qui sera abordée en 2026 ?
Nous n’avons pas encore choisi le thème de la troisième édition mais il y a tellement de sujets envisageables quand on parle des victimes : abus sexuels, assistance des mineurs, harcèlement moral, homicides involontaires, justice restaurative… Le but de ces colloques est, comme j’ai pu le lire, de faire le point sur les progrès réalisés.
Que pensez-vous des avancées au niveau national ?
Tout ce qui a été fait et est actuellement proposé pour renforcer la lutte contre le cyberharcèlement, améliorer le parcours de soins des victimes qui encore trop souvent doivent fuir l’établissement, et responsabiliser les parents des harceleurs doit être encouragé mais l’efficacité de cette lutte repose sur la mobilisation de tous les acteurs de terrain.
Par Eloïse Le Lore pour L'Union