Les trois hommes soupçonnés d’avoir agressé le patron de La Civette à Vitry-le-François sont innocentés
Certes, il y a une victime. Les vidéosurveillances ne mentent pas et témoignent par ailleurs de la violence de cette agression, subie par le patron de La Civette le 25 février 2024. En ce dimanche, la place de la Halle est déserte. Un dimanche comme un autre à Vitry-le-François où Olivier Peraire part déposer la recette de sa semaine à sa banque.
Ce jour-là ne sera pas pourtant aussi banal qu’il n’y paraît. Tout vêtus de noir, cagoulés et gantés, deux hommes l’agressent violemment, l’aspergent de bombe lacrymogène et lui assènent plusieurs coups. « Encore aujourd’hui, j’en ai des visions », raconte Olivier Peraire. « Elle sert à quoi cette brigade si ce n’est pas pour retrouver les auteurs des violences qu’a subies cette victime ? », pointe Me Benkoussa, pour les intérêts de l’un des trois hommes soupçonnés.
Son client a un moment été placé en détention provisoire. « Il a vécu un mois dans les geôles de la République française ce gamin. Je plaide pour un garçon qui s’est retrouvé un mois au trou pour rien », dénonce l’avocat. Car si, dès les réquisitions, le parquet opte sur une relaxe pour son client, l’avocat plaide et pointe la légèreté de ce dossier, qui conduira, sans suspense, au blanchiement des trois prévenus. « Aussi dramatique que cette agression puisse être, je ne peux que demander la relaxe », enchaîne Me Busy.
À plusieurs reprises lors de l’enquête, des investigations manquent, plaident les trois avocats. « On a un dossier expéditif », regrette quant à elle Me Biausque. Rapprochements, liens, déductions… Des fils sont tirés entre les prévenus sans que la preuve ultime de culpabilité ne soit apportée. C’est là tout le sens de la relaxe « au bénéfice du doute ».
Un doute si profond que le patron de La Civette lui-même, s’il a affirmé avoir formellement reconnu l’un de ceux qui l’ont agressé, revient sur ses déclarations. « Il lui ressemble mais cela pourrait être quelqu’un d’autre », reconnaît-il. Un fameux quelqu’un dont il se chuchote à Vitry-le-François qu’il pourrait être le véritable auteur de ces faits. « Mais on ne l’a pas en procédure », dénonce Me Busy. Tout comme on ne trouve pas l’audition de plusieurs potentiels alibis pour deux des prévenus, alors même qu’il est reproché à un troisième de n’en avoir pas donné de précis.
Une caméra pour 300 habitants à Vitry-le-François
Tout comme sur le trajet effectué par la voiture et son conducteur, le client de Me Busy, qui aurait récupéré les deux autres après leur expédition. « On a, à Vitry-le-François, une densité d’une caméra pour 300 habitants », décrit le conseil. À titre de comparaison, c’est une pour le double d’habitants à Reims. « Avec toutes ces caméras, on n’est pas foutus de ressortir le trajet ni des deux agresseurs, ni du véhicule ! » Car ladite Citroën C3 ne réapparaîtra qu’à l’angle de la rue des Moulins et de la RN4, à cinq minutes à pieds des lieux de l’agression, sans personne à son bord ou du moins, sans preuve assez concrète que s’il y avait quelqu’un, il s’agissait des deux autres prévenus.
Il n’aura fallu qu’une poignée de minutes au tribunal pour statuer. Une relaxe simple pour les trois mis en cause et une demande de partie civile déboutée pour Olivier Peraire. La question de qui étaient ses agresseurs demeure.