Meurtre de Cumières : Yann Vadin a été condamné à 25 ans de prison pour parricide
Au terme de quatre jours de procès aux assises de la Marne à Reims, le jury a décidé d’envoyer en prison pour 25 années Yann Vadin qui a tué son père, vigneron à Cumières, sur fond de tensions et d’histoire d’argent.
Ce jeudi 27 novembre 2025 a marqué la conclusion d’un procès de quatre jours dont l’issue ne faisait aucun doute. Yann Vadin a tué son père Jean-Luc Vadin le 30 septembre 2022 dans sa propriété à Cumières. Il l’a lui-même reconnu. Ce que le jury devait prendre en compte, c’était les raisons derrière ce crime de parricide, rare. L’avocate générale avait réclamé au moins vingt ans de réclusion, liant sans détour le meurtre du père aux dettes du fils. Le jury, après moins de deux heures de délibéré, a rendu son verdict : coupable sur toute la ligne, sans altération du jugement : 25 ans de prison.
Yann Vadin et son avocate Naïri Zadourian avaient tenté durant tout le procès d’expliquer ce drame par « l’épuisement » et les « pressions » que le père vigneron faisait peser sur son fils, cogérant de la société Vadin-Plateau à Cumières. Une pression qu’il ne supportait plus. « C’était moi ou lui », avait expliqué le discret M. Vadin lors de l’instruction avant d’ajouter une nouvelle version au premier jour du procès : son intention de se suicider pour faire payer son père.
Une théorie qui ne tient guère face au faisceau de preuves montrant la préparation de l’accusé dans son crime qu’il a tenté de faire passer pour un cambriolage.
Des histoires d’argent, partout
Cependant, au cours de ces quatre jours d’instruction, une autre raison s’est dessinée, que l’avocat des parties civiles, Gérard Chemla, et l’avocate générale ont souligné : l’argent. Yann Vadin était dépensier. Il menait grand train de vie avec sa femme à Arcis-le-Ponsart, dans une belle maison accueillant une écurie.
Une vie bien au-dessus de ses moyens au point où il piochait allégrement dans les comptes de la société. Entre 176 000 euros selon la mère de l’accusé qui a repris l’affaire et 305 000 euros selon la partie civile en raison d’un prêt de 100 000 euros du père pour le fils en 2021. Mais les comptes de Yann Vadin étaient sans cesse dans le rouge, au point où, peu avant le meurtre, il a tenté d’obtenir un prêt à la banque en falsifiant la signature de son père sur une promesse d’augmentation.
Un homme en « capacité à imaginer un stratagème solide »
« Le motif c’est le fric, avait tonné Gérard Chemla lors de sa plaidoirie mercredi soir. En assassinant papa je me débarrasse du problème. » Ce que l’avocate de la défense, Naïri Zadourian, a nié fermement lors de sa plaidoirie, évoquant un homme à bout qui n’a pas choisi sa carrière et ne savait plus comment s’en sortir face à un père qui voulait que son fils reprenne l’exploitation coûte que coûte.
L’analyse psychologique, montrant un homme en « capacité à imaginer un stratagème solide, d’une grande force morale pour soutenir sa fabulation dans la durée », selon le psychologue Philippe Herbelot, confirme que M. Vadin n’a pas été victime d’un coup de folie. Le psychiatre, Raymond Videlaine, avait cependant ouvert une brèche, arguant qu’il y aurait pu avoir « altération du discernement » au moment des faits.
Cela n’a pas été retenu par le jury. Avec tous ces éléments pris en compte, le jury, présidé par la juge Catherine Hologne qui a régné d’une main de maître sur tout le procès, précise et compatissante avec les témoins éplorés, a décidé que M. Vadin devra passer 25 ans en prison, sans peine de sûreté. Il risquait la prison à vie, que l’avocate générale n’a pas réclamée.
Son avocate, qui a rapidement quitté la salle d’audience, a indiqué hésiter à faire appel. La famille de M. Jean-Luc Vadin est sortie satisfaite et dignement. Ils ont même remercié la présidente pour l’humanité dont elle a fait preuve, y compris à destination de Yann Vadin.
Maître Chemla, l’avocat des parties civiles, a obtenu 50 000 euros de dommages et intérêts pour le père et la compagne de Jean-Luc Vadin et 20 000 euros pour ses sœurs. « C’est une peine correcte, adaptée à la gravité des faits et l’attitude du prévenu », glisse le ténor du barreau.
Yann Vadin n’aura jamais clairement expliqué les raisons de son terrible geste. À l’issue du procès, une journaliste dira : « On sort de ce procès sans savoir ce qu’il pense. » À l’annonce du verdict, Yann Vadin, toujours le regard vissé au sol, est resté parfaitement stoïque.
Maxime Mascoli, L'Union