Mort de Bastien Payet à Reims : "L'enquête n'est ni faite ni à faire", le travail des forces de l'ordre pointé du doigt

Publié le 27 mars 2025
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Devant la cour d'assises de la Marne, le procès des agresseurs présumés de Bastien Payet s'est ouvert ce jeudi, six ans après la mort de ce Rémois, roué de coups en plein centre de Reims. Pendant ce premier jour d'audience, les avocats ont critiqué le travail d'enquête des forces de l'ordre.

Le procès de la mort de Bastien Payet s'est ouvert ce jeudi 26 mars, six ans après les faits, devant la cour d'assises de la Marne. L'étudiant avait été roué de coups en plein centre de Reims. Trois hommes comparaissent pour "violences commises en réunion ayant entraîné la mort sans intention de la donner". L'audience était très attendue, son démarrage a été électrique, avocats de la défense et des parties civiles ont fustigé le travail d'enquête mené par les forces de l'ordre.

Lors de ce premier jour de procès, ce sont les enquêteurs en charge de l'affaire qui ont été entendus. A d'abord été appelée à la barre, la policière désignée comme la responsable de l'enquête de police, elle précisera que c'était sa première enquête. A ensuite été appelé le sous-officier de gendarmerie qui a dirigé l'unité de recherche. Il a récupéré l'affaire quelques mois après. Leurs réponses au jury et aux avocats se sont principalement résumées par ces deux phrases : "Je ne peux pas vous dire" et "Je ne sais plus". Des réponses qui ont fortement agacé les magistrats.

Côté partie civile, Maître Gérard Chemla, l'avocat de la famille du défunt, évoque "une enquête ni faite ni à faire". Même son de cloche du côté de la défense. Me Mourad Benkoussa, avocat de l'un des accusés, constate qu'"on a quand même passé une grande partie de la journée à travailler sur la non-enquête."


Des "manquements" ont été "clairement établis", selon la présidente de la cour d’assises de la Marne, Émilie Philippe. Une partie des constatations ont été "mal faites" explique Maître Gérard Chemla, à l'image de l'une des auditions d'un ami de Bastien Payet, témoin du crime, qui n'a pas été pris en notes. Des procès-verbaux de mises sous scellé de pièces importantes sont également manquants, selon Me Fayolle, un des avocats de la défense. Enfin, d'autres pièces importantes n'ont pas été récupérées, comme les images des caméras de vidéosurveillance de la ville, souligne Me Benkoussa.

Le procès va durer au total sept jours, jusqu'au 4 avril. Les trois agresseurs présumés de Bastien Payet encourent 20 ans de réclusion criminelle, pour "violence commise en réunion ayant entraîné la mort sans intention de la donner", alors que Bastien Payet est mort à l'âge de 23 ans à l'hôpital, des suites de ses blessures, le 10 mars 2019, au lendemain de son agression.

Gérard CHEMLA, avocat rémois réputé en matière pénale des victimes
Gérard CHEMLA
Avocat associé