Reconnu coupable de viols sur deux ex-compagnes et de violences conjugales, il est condamné à 10 ans de prison
À l’issue de la deuxième journée d’audience devant la cour criminelle, Quentin a été déclaré coupable de tous les faits qui lui étaient reprochés. Un soulagement pour la victime présente au procès, dont les magistrats ont salué le « courage » et l’« humanité ».
"Ca y est, c’est fini », souffle Amélie (prénom modifié) et pour la première fois depuis le début du procès, les traits de son visage se détendent et laissent entrevoir le soulagement de mettre cette épreuve à distance. Son ex-conjoint, Quentin, a été reconnu coupable de viols et de violences conjugales sur elle et sur Claire (prénom modifié), sa concubine précédente.
À la barre ce vendredi, la psychologue chargée d’étudier les profils des deux victimes et de l’accusé a fait état de jeunes femmes « sous emprise », « en grande souffrance psychologique ». En expliquant la progressive installation de la violence dans leur quotidien, la psychologue a détaillé le « cycle des violences conjugales » : pression, violence, excuses, accalmie.
Une violence souvent physique, parfois sexuelle. Des fellations imposées, des pénétrations forcées qui ont laissé à ses anciennes concubines des blessures, visibles ou non. « La notion de consentement n’est pas claire pour lui. Sous emprise, ses compagnes ont cédé à certains rapports sexuels par peur. Ou parce que leur non n’a pas été entendu. Amélie ne dort plus que deux-trois heures par nuit, sursaute au moindre bruit, ne supporte plus d’être seule avec un homme. Claire est encore en proie à des blocages des années après et sa relation amoureuse actuelle en pâtit », a-t-elle notamment détaillé.
« Parmi vos trois relations de concubinage, pas une seule n’a échappé à cette violence », a fait remarquer à son tour la présidente de la cour, Émilie Philippe. Les magistrats ont évoqué la culpabilité ressentie par les victimes, tout en soulignant leur « courage », leur « humanité » de vouloir aussi mettre en avant les « bons côtés » de Quentin.
Et en effet, le jeune homme a démontré une certaine évolution dans sa réflexion. Entre 2023, date de la plainte déposée par Amélie, et aujourd’hui, il se livre : « Au début de mon incarcération, j’étais dans le déni, plein de colère. Il m’a bien fallu un an pour comprendre. J’étais un gros con, j’éprouve de la honte et de la culpabilité. » Son avocate, Me Capucine Malaussena, a tenu à mettre en avant l’attitude positive de son client, « un détenu exemplaire qui travaille, participe aux activités et a entrepris une thérapie ».
L’enfance de l’accusé a dévoilé un passif de violences et de carences. Malnutri, déscolarisé, il est retiré de la garde de sa mère bipolaire pour vivre avec son père qui a « la main leste » selon ses propres termes. « Une violence qu’il n’a même pas conscientisée », pointe son avocate.
Quand Alexis Simoes, l’avocat général, lui a demandé sa vision du couple, Quentin avoue n’y avoir jamais pensé, mais estime aujourd’hui qu’elle doit reposer sur le respect. « Je sais que c’est facile à dire mais je tiens vraiment à m’excuser auprès des victimes et j’espère qu’elles parviendront à se reconstruire. »
Me Malaussena lui tire les larmes en l’interrogeant sur son fils. « J’ai découvert l’amour grâce à lui. Je veux trouver une place dans sa vie, l’encourager dans ce qu’il aime et lui expliquer les raisons de mon absence. Je ne veux pas qu’il devienne comme moi », a-t-il concédé.
Dans sa plaidoirie qu’elle a achevée dans une émotion difficilement contenue, Maître Isabelle Domont-Jourdain, avocate de la partie civile aux côtés de maître Anne Sophie Wagnon-Horiot, s’est adressé calmement à Quentin, dans l’espoir de lui faire comprendre les souffrances causées par ses actes à sa cliente.
« Je ne vous considère pas que comme un violeur. Vous êtes un père, un fils, un ami, gentil et drôle comme cela a été souligné. Mais vous êtes aussi un homme violent, agressif, colérique. Un homme qui a commis des viols. Vous avez dit vouloir réparer ? Cela commence par dire la vérité pour que les victimes puissent avancer et vous aussi. » Elle a ensuite remercié Amélie qu’elle a encouragée à avancer, pour elle-même et pour sa fille.
L’avocat général a rappelé la définition pénale du viol pour appuyer ses réquisitions. « Des faits graves, de l’ordre de l’intime, qui laissent des séquelles physiques et psychologiques auxquelles les victimes devront faire face toute leur vie. » Pour lui permettre de poursuivre le travail de réflexion et de remise en question entamé, Alexis Simoes a requis 12 ans de réclusion criminelle et un suivi sociojudiciaire à sa sortie.
Me Malaussena a elle aussi fait usage des définitions pénales pour contester les viols. En s’appuyant sur les déclarations des victimes, pleines d’empathie, elle a défendu que son client « n’avait pas l’intention criminelle de commettre les viols. Quentin a prouvé qu’il est capable de mieux, de se reconstruire. Vous avez devant vous un homme qui s’apaise. J’ai envie de croire en la justice qui encourage l’évolution. La justice qui aide les gens. »
Ce sont finalement dix ans de prison qui ont été prononcés à l’encontre de Quentin, reconnu coupable de tous les faits qui lui étaient reprochés. La cour a souligné le travail de réflexion entrepris par le jeune homme depuis son placement en détention. « Vous ne vous résumez pas à ces actes criminels pour lesquels vous êtes condamné », a noté Émilie Philippe. Les derniers mots de la présidente ont été à l’intention d’Amélie. « La cour vous souhaite de trouver du réconfort dans cette décision et qu’elle vous aide à avancer. » Un message d’espoir.
Par Anna Maréchal, L'Est éclair