Un Rémois de 19 ans fait vivre l’enfer à sa petite amie, sa cruauté n’avait pas de limite

Publié le 02 juin 2025
L'Union
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Ils ont 19 ans tous les deux. Pendant un an, elle a régulièrement subi des violences. Elles ont atteint leur paroxysme quand en l’espace de deux jours, il lui a fait subir les pires horreurs. « Un dossier hors normes de violences conjugales », assure l’avocate de la jeune femme.

Des dossiers de violences conjugales, le tribunal judiciaire de Reims en traite malheureusement au quotidien. « Celui-ci est hors normes, regrettait Maître Pauline Manesse-Chemla, au soutien des intérêts d’une jeune victime de 19 ans. Il est la démonstration de l’extraordinaire brutalité, de l’extraordinaire cruauté d’un individu que rien n’effraie, ni la police, ni un témoin qui tente de s’interposer lors d’une énième scène de violence. »

Les deux jeunes gens étaient en couple depuis un peu plus d’un an. Les parents de la demoiselle voyaient d’un mauvais œil cette relation dont ils distinguaient bien la nature, avec une jeune femme sous emprise. Ils s’en étaient déjà ouverts à elle, en vain. À lui aussi, et cela avait tourné à l’empoignade, à tel point que le beau-père de la jeune fille avait déposé plainte contre le petit ami de celle-ci. Il y a quelques jours, Daoud – dont nous ne publions pas le nom uniquement pour protéger la victime – qui a fêté ses 20 ans le 24 mai, reçoit un appel du tribunal, on lui demande de venir récupérer sa convocation en vue de l’audience qui se tiendra en juillet. « Je trouvais ça injuste, ça a été l’élément déclencheur », estime-t-il devant les magistrats, alors qu’il est jugé en comparution immédiate.

Ce que sa compagne raconte alors aux enquêteurs est d’une rare violence. Il déboule chez elle et sans prononcer la moindre parole, il se met à tout casser dans son appartement avant d’annoncer, « ils vont m’envoyer en prison, je vais tous les buter ». Prise de panique, la jeune femme téléphone à sa mère. Il se met à la gifler « avec la volonté que sa mère le sache », assure-t-elle, puis il casse l’appareil.

Il l’emmène ensuite chez ses parents, « il voulait que je m’excuse auprès d’eux car il estimait que c’était de ma faute s’il était convoqué au tribunal. Il m’a fait mettre à genoux devant sa mère, elle m’a tout de suite demandé de me relever car elle ne cautionnait pas ce qu’il était en train de faire. J’ai encore pris des claques », témoigne la jeune fille. Il la laisse repartir, quelques heures se passent avant qu’elle ne regagne son domicile. « Il était dans les parties communes, il voulait rentrer chez moi, il m’a promis de ne plus rien me faire. » Du vent, forcément. « Je me suis mis à califourchon sur elle pour la bloquer. Ensuite, je lui ai écrasé la tête », avoue Daoud qui s’empare alors d’un briquet, d’un essuie-tout et menace « de tout brûler ». Dans la soirée, il ira casser la vitrine du commerce de la mère de sa petite amie, avant de revenir dormir chez elle.

l remet le couvert le lendemain, dans la cuisine du restaurant familial où il travaille. Pendant de longues minutes, il aiguise un couteau devant elle puis le lui met sous le cou tandis qu’il l’étrangle de l’autre main. « Il disait qu’il voulait aller chez mes parents, tuer leurs animaux, couper les jambes de ma mère, me couper les doigts. Il y avait déjà eu des scènes de violences, mais pas à ce point », explique la victime dont le visage est encore marqué par les coups. Quand le magistrat lui demande, « Vous avez cru que c’était la fin ? », elle répond, « Je voulais que ce soit la fin pour moi car je ne voulais pas qu’il s’en prenne à ma famille ».

Le couple repart en voiture, se stationne et une nouvelle fois, il la frappe. Un passant intervient, la jeune femme en profite pour s’enfuir. « Ce jeune homme courageux dira aux enquêteurs qu’elle tenait à peine debout, qu’elle suffoquait de douleur. Il dit aussi que vous lui avez donné un coup de poing très puissant », relate le juge, ce à quoi Daoud répond, « je regrette totalement, j’ai honte. » Et si ce témoin n’était pas intervenu ? « Je ne serai pas allé jusqu’au bout. J’ai eu un coup de folie, je ne me reconnais pas. J’ai l’impression que vous parlez de quelqu’un d’autre mais je sais bien que c’est moi qui ai fait tout ça. »

Un « coup de folie » auquel le substitut du procureur ne croit pas un instant, « pendant toute votre relation, vous l’avez contrôlée, terrorisée pour la dominer. Vous avez régné par la terreur et plusieurs témoignages nous indiquent que ce comportement s’est inscrit dans la durée. Aujourd’hui, il est un peu facile de présenter des excuses sans introspection réelle sur ce qui vous a conduit à adopter ce comportement. » Daoud aura tout le loisir de le faire ces prochains mois puisque le tribunal l’a condamné à deux ans d’emprisonnement, dont un an avec sursis probatoire pendant deux ans, la partie ferme de cette peine ayant été assortie d’un mandat de dépôt à l’audience. Il a entre autres obligations, celle de suivre des soins psychologiques.

Par Lucie Lefebvre, pour L'Union. 

Pauline MANESSE-CHEMLA, avocate pour les victimes
Pauline MANESSE-CHEMLA
Avocat associé