« Aujourd’hui, je dois supporter l’insupportable » : l’émouvant témoignage de la mère de Bastien Payet

Publié le 01 avril 2025
L'Union
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Ce lundi, l’audience a notamment été marquée par le témoignage poignant de la maman de Bastien Payet et l’hommage à son fils décédé le 9 mars 2019 sous les coups de ses agresseurs.

Elle s’installe au premier rang, son mari à sa droite et le père de Bastien à sa gauche. Des parents réunis depuis ce jeudi 27 mars pour réclamer justice. Frédérique, Fred comme l’appel ses proches, n’hésitera pas à effleurer le bras de son ancien compagnon, lorsque les témoignages qui vont se succéder toute la matinée se font plus douloureux.

Elle est la première à se présenter à la barre et sur une feuille, elle a couché un texte, pour ne rien oublier. Celle qui a été sage-femme se trouve désormais en invalidité. Elle a bien essayé de reprendre son activité cinq mois après la disparition de Bastien, mais c’était devenu trop difficile. Elle craque un soir face à une patiente qui perd trop de sang. « Comment voulez-vous que j’aide des mamans maintenant que je n’en suis plus une… »

La voix vacille par moments, les larmes coulent souvent, mais elle reste ferme pour décrire cette nuit du 9 mars 2019 au cours de laquelle, un ami de Bastien l’a appelée pour lui dire : « Fred, Bastien s’est fait agresser » et elle de répondre : « Clément, mon fils est mort ? » Celle qui est désormais âgée de 56 ans confie s’être fait tatouer. « Parce que Bastien était tatoué et parce que c’est la dernière chose que j’ai embrassée sur le torse de mon fils, son tatouage. »

« Mon fils, ce héros sans cape »

La maman de Bastien poursuit alors : « Mon fils, c’était mon héros, un héros sans cape contre trois lâches. On n’a même pas pu respecter sa volonté de donner ses organes et d’être incinéré. Aujourd’hui, je dois supporter l’insupportable… »

La maison d’un bonheur familial perdu que « j’ai eu besoin de quitter très très vite. Je ne voyais plus que sa chambre. » Ce procès, « je ne voulais pas y venir mais je dois bien ça à Bastien. Aujourd’hui, c’est une vie de cauchemar dans laquelle je ne serai jamais grand-mère. » Frédérique Couturier hausse le ton : « Ce procès, j’ai dû le mendier pour réclamer justice… »

"En 40 ans de carrière, je n’avais jamais assisté à des applaudissements lors d’une audience. Ils étaient spontanés et n’étaient absolument pas dirigés contre les accusés"
Maître Gérard Chemla, avocat de la maman de Bastien Payet depuis 6 ans

En regagnant sa place, la maman de Bastien est tombée dans les bras de son mari, en pleurs. Des pleurs qui redoubleront lorsque des photos de Bastien seront diffusées. Et ce dernier cliché où l’on voit Bastien au milieu de sa famille pour un dernier selfie, comme un ultime au-revoir. Et puis ce sera la diffusion de la prestation de Bastien, un an avant son décès, lors de l’émission « Les 12 coups de midi ».

À l’issue, les proches se sont levés et ont longuement applaudi. « En 40 ans de carrière, je n’avais jamais assisté à des applaudissements lors d’une audience. Ils étaient spontanés et n’étaient absolument pas dirigés contre les accusés », confiait Maître Gérard Chemla à L’Union, à la pause.

 

 

Gérard CHEMLA, avocat rémois réputé en matière pénale des victimes
Gérard CHEMLA
Avocat associé
Pauline MANESSE-CHEMLA, avocate pour les victimes
Pauline MANESSE-CHEMLA
Avocat associé