Affaire Vincent LAMBERT : Encore une expertise !

Publié le 23 avril 2018

Affaire Vincent LAMBERT : Le cabinet ACG intervient dans ce douloureux dossier dans lequel l’éthique et la médecine interpellent le droit pour trancher humainement la question des limites des connaissances de la science lorsque la vie devient souffrance alors même qu’elle est artificiellement maintenue.

La presse, dans sa mission d’information, se fait le relai de la position de certains professionnels de santé qui critiquent sans ménagement la décision du Dr SANCHEZ de ne pas poursuivre le traitement de maintien en vie par la nutrition et l’hydratation artificielles médicalement analysées comme étant une obstination déraisonnable au sens de la Loi.

Ces professionnels ne peuvent ignorer le cadre légal de leurs champs de compétence, la Loi LEONETTI, sa réforme du 2 février 2016 et ses décrets d’application.

Ils affirment que Monsieur Vincent LAMBERT n’est pas en fin de vie et que la décision du médecin de CHU de Reims serait une forme détournée d’euthanasie.

Il n’en est rien et l’opinion publique est mal informée à travers cette prise de position publique.

Ce que dit la Loi et le Conseil d’Etat :

Article L1110-5-1 du code de la santé publique : « Les actes mentionnés à l'article L. 1110-5 (soins) ne doivent pas être mis en œuvre ou poursuivis lorsqu'ils résultent d'une obstination déraisonnable. Lorsqu'ils apparaissent inutiles, disproportionnés ou lorsqu'ils n'ont d'autre effet que le seul maintien artificiel de la vie, ils peuvent être suspendus ou ne pas être entrepris, conformément à la volonté du patient et, si ce dernier est hors d'état d'exprimer sa volonté, à l'issue d'une procédure collégiale définie par voie réglementaire.

La nutrition et l'hydratation artificielles constituent des traitements qui peuvent être arrêtés conformément au premier alinéa du présent article.

Lorsque les actes mentionnés aux deux premiers alinéas du présent article sont suspendus ou ne sont pas entrepris, le médecin sauvegarde la dignité du mourant et assure la qualité de sa vie en dispensant les soins palliatifs mentionnés à l'article L. 1110-10. »

Interprétant la Loi, le Conseil d’Etat a considéré dans une importante décision du 8 mars 2017, Assistance Publique - Hôpitaux de Marseille N° 408146 que :

« Il résulte des dispositions précédemment citées que toute personne doit recevoir les soins les plus appropriés à son état de santé, sans que les actes de prévention, d’investigation et de soins qui sont pratiqués lui fassent courir des risques disproportionnés par rapport au bénéfice escompté. Ces actes ne doivent toutefois pas être poursuivis par une obstination déraisonnable et peuvent être suspendus ou ne pas être entrepris lorsqu’ils apparaissent inutiles ou disproportionnés ou n’ayant d’autre effet que le seul maintien artificiel de la vie, que le patient soit ou non en fin de vie. Le législateur a ainsi déterminé le cadre dans lequel peut être prise par un médecin, conformément à la volonté du patient et, si ce dernier est hors d'état d'exprimer sa volonté à l'issue d'une procédure collégiale après consultation de la personne de confiance, de la famille ou d’un proche, une décision de limiter ou d’arrêter un traitement dans le cas où sa poursuite traduirait une obstination déraisonnable. Si le médecin décide de prendre une telle décision en fonction de son appréciation de la situation, il lui appartient de sauvegarder en tout état de cause la dignité du patient et de lui dispenser des soins palliatifs. ».

Il est donc hors débat d’invoquer les notions d’euthanasie, de fin de vie pour tenter de mettre les juges sous pression et affirmer que le Dr SANCHEZ a violé son serment.

La décision médicale :

La décision médicale contestée a été prise après 7 mois de procédure contradictoire au cours de laquelle tous les membres de la famille de Monsieur Vincent LAMBERT, ses proches, ont été reçus et entendus. Avant de décider, le médecin a réalisé :

• Une réévaluation de l’état clinique du patient,
• Un diagnostic sur l’évolution de cet état,
• Une recherche de la volonté qu’aurait pu exprimer Monsieur Vincent LAMBERT, si il était en état de le faire,
• Une analyse de la possible souffrance que les soins invasifs dont il fait actuellement l’objet du seul fait de son maintien en vie artificiel,
• l’audition de toute l’équipe pluridisciplinaire soignante,
• l’avis d’un Professeur de Médecine tiers a été requis,

Ce qui lui a permis de décider dans le respect de la Loi.

Le Conseil d’Etat demande aux médecins « dans l’examen de la situation propre de son patient d’être avant tout guidé par le souci de la plus grande bienfaisance à son égard. » C’est le sens de la décision médicale du Dr SANCHEZ qui gère le service dans lequel Monsieur Vincent LAMBERT est pris en charge depuis près de 9 années.

Il n’y a ni euthanasie, ni abandon, ni fin de vie.
Il n’y a qu’humanisme et respect du droit à la vie de Monsieur Vincent LAMBERT.

Le Tribunal comme il en a pris l’habitude n’a pas osé rejeter le recours des parents comme s’il était impossible pour les juges d’accepter la décision des médecins.

 

Nous voilà partis pour une Xième expertise. La stratégie étant de faire durer les choses jusqu’à ce que le Dr Sanchez se désespère ou quitte son poste. Sa décision périra alors d’elle même, comme en son temps celle qui avait été prise par le Dr Kariger que les juges n’ont pas voulu imposer à ses successeurs.

Me Gérard CHEMLA
Me Mourad BENKOUSSA

Gérard CHEMLA, avocat rémois réputé en matière pénale des victimes
Gérard CHEMLA
Avocat associé

Dans la même thématique

Quelles réponses face au harcèlement scolaire ?

Publié le 28 novembre 2023 - Thème(s) : Thème : Droit des victimes, Thème : Droit pénal
Le harcèlement scolaire est aujourd’hui devenu un problème sociétal profondément enraciné dans la société. Focus sur les solutions politiques, pénales et disciplinaires à disposition des victimes et de leurs parents.

La Cour de cassation confirme sa position en alignant la pension d’invalidité sur le régime de la rente accident du travail

Publié le 13 septembre 2023 - Thème(s) : Thème : Droit des victimes
La Cour de cassation confirme sa position en alignant la pension d’invalidité sur le régime de la rente accident du travail : la pension d'invalidité ne répare pas le déficit fonctionnel permanent (DFP).

La Cour de cassation opère un revirement attendu sur la rente accident travail

Publié le 06 février 2023 - Thème(s) : Thème : Droit du salarié, Thème : Accident de travail, maladie professionnelle, Thème : Droit des victimes

Une injustice existait depuis longtemps pour les victimes d’accident du travail qui voyaient diminuer leur indemnisation du déficit fonctionnel permanent en cas de rente AT.

En effet, la Cour de cassation avait décidé que la rente versée aux victimes d’un accident du travail devait être déduite des postes professionnels (pertes de gains professionnels futurs et incidence professionnelle), ce qui se comprenait, mais aussi du déficit fonctionnel permanent. Ce qui était très largement décrié par les avocats de victime.

L’arrêt V13 (attentats du 13 novembre 2015)

Publié le 25 octobre 2022 - Thème(s) : Thème : Droit des victimes, Thème : Victime d’attentat
L’arrêt V13 (attentats du 13 novembre 2015) sur intérêts civils a été rendu ce matin par la Cour d’assises spécialement composée. Il s’agit de la partie d’un arrêt qui décide qui peut être considéré comme partie civile, c'est-à-dire comme victime au sens du droit pénal à la suite des condamnations pour tentative d’assassinat terroriste, complicité, association de malfaiteurs, terroriste ou non. Cette décision est importante en ce qu’elle tranche des questions qui étaient toujours pendantes près de 8 années après les faits et surtout parce qu’elle pose un cadre qui, au-delà des seuls attentats du 13 novembre, permettra de résoudre des questions consécutives à d’autres attentats.

Les frères CLAIN : mort non officielle et condamnation exemplaire

Publié le 08 septembre 2022 - Thème(s) : Thème : Droit des victimes, Thème : Victime d’attentat

A la fin du mois de février 2019, les médias ont annoncé la mort des frères Fabien et Jean-Michel CLAIN, jihadistes français, acteurs majeurs de la propagande francophone de l’État islamique, dans des frappes de la coalition internationale.

La Taqqiya ou l’art de la dissimulation dans le jihadisme

Publié le 08 septembre 2022 - Thème(s) : Thème : Droit des victimes, Thème : Victime d’attentat

La Cour d’assises antiterroriste spécialement composée de magistrats professionnels juge en ce moment-même vingt individus accusés d’avoir participé aux attentats du 13 novembre : coordinateurs, membres de commandos, logisticiens…

Les débats qui ont lieu sur l’île de la cité, au sein du Palais de justice historique, dans une salle d’audience spécialement construite et aménagée en vue de ce procès, ont à plusieurs reprises fait référence à la Taqqiya.

Procès de l’attentat de Villejuif : Plaidoirie de Gérard CHEMLA

Publié le 16 novembre 2020 - Thème(s) : Thème : Droit des victimes, Thème : Victime d’attentat

‘Juger c’est comprendre et je ne vous comprends pas Monsieur GHLAM’

Quelques rappels

Le dimanche 19 Avril 2015 au petit matin, Sid Ahmed GHLAM, jeune étudiant parisien dont la famille est installée à St Dizier (52), avait comme projet de s’attaquer aux fidèles de l’église Ste Thérèse de Villejuif.

Les réquisitions dans le procès du projet d’attentat de Villejuif

Publié le 04 novembre 2020 - Thème(s) : Thème : Droit des victimes, Thème : Victime d’attentat

"On a toujours parlé à tort de l'attentat manqué de Villejuif. C'est oublier qu'Aurélie Châtelain a été assassinée ce dimanche 19 avril sur un parking de Villejuif (…) Elle a été la première et heureusement la seule victime de l'attentat de Villejuif. (...) Elle avait 32 ans et toute la vie devant elle".

Ce sont les premiers mots des avocates générales ce lundi 2 novembre, qui aux termes d’un réquisitoire de six heures, ont requis la condamnation de l’ensemble des accusés.

Sonia MEJRI, l’épouse d’un dirigeant de l’armée secrète de l’Etat Islamique

Publié le 29 octobre 2020 - Thème(s) : Thème : Droit des victimes, Thème : Victime d’attentat

La Cour d’Assises Spéciale chargée de juger Sid-Ahmed Ghlam et ses coaccusés a entendu comme témoin Sonia Mejri, l’épouse sur zone d’Abdelnasser Benyoucef, cadre de l’état Islamique et principal commanditaire de l’attentat.

C’est l’un des moments forts de ce procès.

Le rôle des femmes au sein de l’Etat islamique

Le rôle des femmes au sein de l’EI est relativement limité ; à la connaissance des services spécialisés, aucune femme n’a eu un pouvoir décisionnaire au sein de l’EI.

Sid-Ahmed GHLAM et le manuel du “parfait petit terroriste”

Publié le 28 octobre 2020 - Thème(s) : Thème : Droit des victimes, Thème : Victime d’attentat

Les enquêteurs ont découvert à l’intérieur du véhicule de Sid-Ahmed Ghlam un classeur de vingt-sept feuilles volantes supportant des annotations manuscrites en langues française et arabe, précisant l’organisation d’un attentat, sorte de manuel pour futur terroriste.

Ce manuel du terroriste, dont Sid-Ahmed Ghlam précisera à l’audience qu’il était en permanence dans son sac à dos, permet de reconstituer ses projets et d’expliquer au moins en partie le déroulement des faits.