La Cour de cassation opère un revirement attendu sur la rente accident travail

Publié le
Arrêt de travail_cassation

Une injustice existait depuis longtemps pour les victimes d’accident du travail qui voyaient diminuer leur indemnisation du déficit fonctionnel permanent en cas de rente AT.

En effet, la Cour de cassation avait décidé que la rente versée aux victimes d’un accident du travail devait être déduite des postes professionnels (pertes de gains professionnels futurs et incidence professionnelle), ce qui se comprenait, mais aussi du déficit fonctionnel permanent. Ce qui était très largement décrié par les avocats de victime.

Dans un arrêt rendu le 20 janvier 2023 (pourvoi 20-23673 et 20-23947), l’Assemblée plénière a réalisé un revirement puisqu’elle affirme désormais : « L'ensemble de ces considérations conduit la Cour à juger désormais que la rente ne répare pas le déficit fonctionnel permanent. » Nous ne pouvons que louer cette décision qui s’aligne d’ailleurs sur celle du Conseil d’Etat qui n’avait jamais cédé sur le sujet.

Cette solution devrait également s’appliquer aux victimes percevant une pension d’invalidité. Les compagnies d’assurance et le Fonds de garantie n’ont pas encore de position officielle à ce sujet. Mais s’ils ne s’y conforment pas, ils verront leur contentieux devant le tribunal judiciaire se multiplier. Les victimes ne peuvent que s’en féliciter.

Donc pour toutes celles dont le dossier n’est pas encore clôturé et qui bénéficient d’une rente AT ou d’une pension d’invalidité, n’hésitez pas à solliciter l’application de cette nouvelle jurisprudence. Et si la réponse est négative, contactez-nous.

Audrey BERNARD, avocat indemnisation des victimes à Evry, Reims, Châlons et Troyes
Audrey BERNARD
Avocat associé

Dans la même thématique

La garantie de l’AGS étendue à la prise d’acte et à la résiliation judiciaire

Publié le - Thème(s) : Thème : Droit du salarié, Thème : Licenciement, négociation d’une rupture conventionnelle, d’une transaction

Dans deux arrêts rendus le 8 janvier 2025, la Cour de cassation a opéré un important revirement de jurisprudence, en élargissant le champ d’application de l’assurance garantie des salaires (AGS).

La garantie des salaires, prévue par la loi, vise à protéger le salarié en prévoyant, sous certaines conditions, le paiement des créances résultant de son contrat de travail lorsque l’employeur est soumis à une procédure collective (sauvegarde, redressement ou liquidation judiciaire).

Quel droit pour le salarié en l’absence d’organisation de la visite médicale de reprise ?

Publié le - Thème(s) : Thème : Droit du salarié, Thème : Droit social des employeurs

Il apparait utile de rappeler que l’employeur a l’obligation d’organiser une visite médicale de reprise, dans un délai de 8 jours, dès qu’il a connaissance de la fin de l’arrêt de travail du salarié (article R4624-31 du code du travail, en vigueur depuis le 28 avril 2022) : 

- en cas d’absence d’au moins 30 jours à la suite d’un accident du travail, 

Incidence du refus du salarié de se voir remettre la note l’informant du motif économique de la rupture avant acceptation du contrat de sécurisation professionnelle

Dans l’arrêt rendu le 6 mai 2025, la chambre sociale de la Cour de cassation est venue préciser encore davantage le principe selon lequel il appartient à l’employeur d’informer le salarié par écrit, et au plus tard au moment de l’acceptation du contrat de sécurisation professionnelle (CSP), du motif économique justifiant la rupture du contrat.  

Activités sociales et culturelles des CSE et critères d’ancienneté : les nouvelles règles applicables

Publié le - Thème(s) : Thème : Droit du salarié

L’article L 2312-78 du Code du Travail précise, à propos des attributions du Comité Social et Economique dans les entreprises d’au moins 50 salariés, que :

« Le Comité Social et Economique assure, contrôle ou participe à la gestion de toutes les activités sociales et culturelles établies dans l'entreprise prioritairement au bénéfice des salariés, de leur famille et des stagiaires, quel qu'en soit le mode de financement, dans des conditions déterminées par décret en Conseil d'Etat (…) ».

Une pratique courante existait dans de nombreux CSE : le critère d’ancienneté de 6 mois.

Les indemnités en cas de licenciement pour inaptitude

Le Code du Travail réserve un sort différent pour le salarié licencié dans le cadre d’une inaptitude d’origine professionnelle, par rapport au salarié licencié dans le cadre d’une inaptitude non professionnelle.

Cependant, l’appréciation du caractère professionnel d’une inaptitude n’est pas strictement liée à la reconnaissance préalable par l’organisme de Sécurité Sociale d’un accident du travail ou d’une maladie professionnelle.

Le principe souvent oublié est celui de l’indépendance des législations entre le Code du Travail et le Code de la Sécurité Sociale.

Le licenciement pour faute grave est valable même en l’absence de mise à pied à titre conservatoire

Un salarié peut être licencié pour faute grave lorsqu’il a commis des faits qui rendent impossible son maintien dans l’entreprise. Tel est le cas par exemple de violences commises à l’encontre d’un supérieur ou d’un collègue, d’un vol de matériel, du non-respect des règles de sécurité, …

Dans cette hypothèse, l’employeur prend fréquemment une mesure de mise à l’écart du salarié de l’entreprise, sous la forme d’une mise à pied conservatoire : le salarié est invité à quitter immédiatement son poste.

Chronique de jurisprudence en droit du travail : la preuve par des éléments personnels (9)

Publié le - Thème(s) : Thème : Droit du salarié, Thème : Droit social des employeurs
L’illicéité ou la déloyauté dans l'obtention ou la production d'un moyen de preuve ne conduit plus nécessairement à l'écarter des débats judiciaires. La preuve trouvée dans une clé USB personnelle

Chronique de jurisprudence en droit du travail : la preuve par enregistrement sonore (8)

Publié le - Thème(s) : Thème : Droit du salarié, Thème : Droit social des employeurs
L’illicéité ou la déloyauté dans l'obtention ou la production d'un moyen de preuve ne conduit plus nécessairement à l'écarter des débats judiciaires

Chronique de jurisprudence en droit du travail : la recherche de reclassement préalable au licenciement économique (7)

Même si le salarié a refusé un poste dans le cadre d’une proposition de modification de contrat de travail pour motif économique, ce même poste doit lui être à nouveau proposé, s’il est toujours disponible, à titre de solution de reclassement afin d’éviter son licenciement.

Chronique de jurisprudence en droit du travail : la recherche de reclassement préalable au licenciement économique (6)

L’absence de l’une quelconque des mentions règlementaires dans l’offre de reclassement préalable au licenciement économique prive celui-ci de sa cause réelle et sérieuse.