Arrêt-maladie pendant ses vacances : un report des jours de congés désormais possible

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Thème(s) : Droit du salarié

Dans un arrêt rendu le 10 septembre 2025, la Cour de cassation a opéré un tournant majeur dans sa jurisprudence en considérant qu’un salarié a droit au report de ses jours de congés payés dès lors qu’il n’a pas pu les exercer utilement pour cause d’arrêt de travail survenu pendant la période.

Jusqu’à présent, seul l’arrêt de travail intervenu avant le début des congés payés permettait au salarié d’obtenir un report des jours non pris. Si l’arrêt de travail survenait pendant les vacances du salarié, celui-ci n’avait pas droit au report de ses congés payés. Les juges considéraient que les jours de congés continuaient d’être consommés, même si le salarié n’avait pas pu en bénéficier réellement du fait de sa maladie.

Cette jurisprudence était contraire au droit européen. La Cour de Justice de l’Union Européenne distingue en effet clairement, et depuis plusieurs années, la finalité des congés payés qui est de permettre au salarié de se reposer et de disposer d’une période de détente et de loisirs et celle de l’arrêt-maladie qui est de permettre au salarié de se remettre de sa maladie.

Après avoir été mis en demeure par la Commission européenne de remédier à ses manquements le 18 juin 2025, la Cour de cassation a saisi l’occasion de cette affaire afin de se mettre en conformité avec le droit européen.

Elle a ainsi affirmé, au visa de l’article L. 3141-3 du code du travail, interprété à la lumière de la directive 2003/88 du 4 novembre 2003, que « le salarié en situation d’arrêt de travail pour cause de maladie survenue durant la période de congé annuel payé a le droit de bénéficier ultérieurement des jours de congé payé coïncidant avec la période d’arrêt de travail pour maladie ».

Autrement dit, les jours de congés coïncidant avec la période d’arrêt-maladie ne peuvent plus être considérés comme pris par le salarié et peuvent faire l’objet d’un report.

Cette possibilité de report est conditionnée au fait que l’arrêt de travail ait été notifié à l’employeur.

Cette décision, bien qu’attendue, pose un certain nombre de questions pratiques qui seront examinées par les juridictions du fond dans les mois à venir, notamment sur les modalités du report (délai, accord avec l’employeur, contraintes organisationnelles) et sur l’application ou non de cette jurisprudence aux situations antérieures à l’arrêt.

 

Olivier BARNEFF
Avocat associé

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